= (2020)

Roman hypergraphique et numérique

111 chapitres

 

Ci-dessus, l'un des sommaires cachés du roman.

 

"Désignée par l’auteur comme un roman, cette réalisation se manifeste sous la forme d’un site internet où les internautes du monde entier sont invités à découvrir un total de 110 chapitres. L’œuvre présentée diffère cependant radicalement de nos lectures quotidiennes, habituées à l’alphabet latin. Les « pages » qui nous sont proposées sont en effet issus de plusieurs transcriptions qui font appel à un florilège de signes, bigarrés, allant du chinois au code binaire, en passant par des symboles mathématiques, alchimiques ou hobos. Pour Hugo Bernard, ces travaux s’inscrivent dans un art inventé par Isidore Isou en 1950,

l’Hypergraphie, discipline artistique où s’agencent et où se côtoient différentes écritures et signes existants ou inventés.

 

Méli-mélo de diverses cultures graphiques, cet accomplissement romanesque donne au regard des sommes visuelles harmonieuses où l’on se plaît à retrouver et à deviner un discours méthodiquement dissimulé. De cette élégance toute particulière dans la conception visuelle des graphèmes, la recherche créatrice de ce jeune auteur s’étend au-delà d’une écriture immobile, statique, pour envisager une écriture dynamique. Le roman = propose ainsi des réalisations où les signes se métamorphosent, se déplacent et changent constamment de sens. Développant une sorte de sémantique et de grammaire en mouvement, la lecture et la signification des chapitres se trouvent compromises. Les yeux, quant à eux, prennent une joie renouvelée à découvrir des écritures qui prennent vie.

 

Au-delà du caractère séduisant et bougeant de ces signes, l’œuvre romanesque concrétise et entremêle les différents savoirs de l’artiste. Bien que dépourvu d’histoires ou d’aventures, cet ensemble se trouve par exemple normé par une notation qui fait appel à des notions mathématiques et linguistiques.

En parallèle de cette exigence toute scientifique, on retrouve dans de nombreux chapitres une quantité impressionnante d’hommages et de références aux grands artistes passés. De Dürer à Chaplin, en passant par Joyce, Isou et Man Ray, l’œuvre = semble avoir été pensée et conçue comme une somme où l’univers visuel se trouve unifié.

 

Corpus considérable où la prose et la narration sont dans un état délirant, hermétique et lunatique, l’auteur se plaît à massacrer toutes les normes conventionnelles de l’écriture pour mieux jouer, comme il l’affirme lui-même, le chant du signe."

 

Valentine Dinamis, 2020

Extrait du dossier de presse de l'exposition du roman = en 2020.