POINT DE RENCONTRES (2022)

Corpus d'œuvres hypergraphiques polyclosées

50 signes

 

Ci-dessus, l'un des 50 signes.

 

BRÈVE EXPLICATION DE POINT DE RENCONTRES

 

Est-il possible de présenter Point de rencontres en quelques lignes ? Le problème est que cet ensemble rassemble à lui seul 12 présentations différentes de 50 signes inexacts différents, réalisés par l’artiste. Chacune de ces modalités de présentation, nommée Variante, est unique en ce qu’elle recourt à des outillages distincts pour que chaque individu soit amené, par hasard, à découvrir et à chercher ces signes. Usant aussi bien d’un site web, de QR code, d’affiches, d’écrans, d’arbres, de rames de métro, de véhicules roulants, de drones, de vêtements, de librairies, de tickets de caisse, d’affaires personnelles, et même tout cela à la fois de façon aléatoire, Point de rencontres convoque tous les moyens de réalisation propices à rendre hasardeuse la rencontre avec ces signes.

Cela étant dit, ces supports et techniques sont aussi employés de sorte à ce que les 50 éléments rencontrés s’agencent aléatoirement dans le but de créer une hypergraphie artistique, c’est-à-dire une œuvre d’art composée de signes issus de la transmission visuelle. En effet, à chaque rencontre avec un signe, tout individu découvrira aussi une même invitation sous forme de poème qui le conviera à effectuer les actions suivantes : 1) trouver d’autres signes dispersés dans un périmètre déterminé par l’artiste ; 2) noter le numéro qui a été attribué à chaque signe ; 3) envoyer par mail cette suite de numéros à l’artiste pour recevoir une hypergraphie artistique qui rassemblera aléatoirement tous les signes que l’individu a eu la chance de rencontrer. Dans la mesure où tout participant agit sans contrôle pour la réalisation d’une œuvre d’art hypergraphique, étant donné que la rencontre avec chaque signe est imprévisible, Point de rencontres doit être considéré comme un corpus d’œuvres hypergraphiques partiellement réalisées automatiquement par le public.

En plus de leurs organisations randomisées, les 50 signes faits par l’artiste manifestent quant à eux une exploration et une combinaison de plusieurs automatismes. De la réalisation les yeux fermés jusqu’au lancé de dé, en passant par l’état d’ébriété, les expressions informatiques, les plis aléatoires d’un vêtement ou encore le suivi de mouvement (tracking), ces 50 éléments explorent le secteur du polyautomatisme artistique théorisé par Isou entre 1960 et 1967, et qui envisage le non-contrôle intégral de l’artiste dans la réalisation d’une œuvre d’art.

Toutefois, en réalisant des signes et agencements de signes qui convoquent et la randomisation (ou le polyautomatisme) et l’anéantissement (ou ce qu’Isou nomme polythanasie artistique, qui est la destruction intégrale d’une œuvre d’art), Point de rencontres  initie ce que je nomme la polyclosie artistique, dimension ciselante inédite qui contient la possibilité d’embrasser et d’associer les deux secteurs susnommés. Ainsi, ce corpus tend à imposer de manière consciente et systématique la destruction hasardeuse (polythanasie polyautomatique) ainsi que la destruction du hasard (polyautomatisme polythanasée) au sein de l’art hypergraphique en particulier.

Pour conclure, le titre de ce corpus est, de par son hermétisme, ouvert à une multitude de significations. L’une d’entre elles tient notamment au fait qu’en réalisant une hypergraphie artistique, jamais le participant ne rencontrera l’artiste, et jamais ce dernier ne le rencontrera. En revanche, Point de rencontres reste malgré tout marqué par une coopération entre ces deux personnes, si bien qu’ils collaborent ensemble (rencontre) sans jamais se croiser une seule fois (non-rencontre). Enfin, une dernière interprétation serait que le titre renvoie à un lieu, un endroit, bref, à ce point dans l’espace à partir duquel tout individu sera mesure de rencontrer un signe, une œuvre, un corpus.

 

Hugo BERNARD,

6 décembre 2022.